Les splendeurs ottomanes

De la prise de Constantinople (28 mai 1453), jusqu'au XVIIème siècle, les sultans ont élevé une somme incroyable de monuments, palais et, bien sûr, mosquées : le très raffiné palais de Topkapi, la célèbre mosquée Bleue, la mosquée de Soliman le Magnifique.

Le palais de Topkapi, palais des Sultans, est une véritable ville dans la ville, sans cesse enrichie et agrandie au fil du temps. Sa visite permet de se faire une excellente idée du mode de vie raffiné des sultans ottomans et d'admirer une incomparable somme d'objets précieux.  La collection de bijoux, en particulier, ne laissera pas indifférent.

Ce palais est entouré d'une enceinte percée, à  l'origine, de quatre portes monumentales. L'une d'elles, la "porte du Canon", détruite en 1862 à la suite d'un incendie, lui vaut son nom actuel de palais de Topkapi. Pendant, près de quatre siècles, le pouvoir ottoman s'exerce depuis ce palais qui atteint aujourd'hui une superficie de 700 000 m2. On estime à 5 000 le nombre de résidents permanents à l'apogée de l'Empire, sous le règne de Soliman le Magnifique.

Le sérail de Topkapi, par son refus de monumentalité et de la hiérarchisation des bâtiments qui le composent, ne ressemble en rien aux palais européens. Constitué d'une suite de cours parsemées de pavillons et  jardins, ce palais s'apparente à un véritable microcosme, à un résumé de l'univers.
 
Ouverture tous les jours, sauf mardi, de 9 h 30 à 17 h 00 (19 h 00 en été)
Site internet : topkapisarayi.gov.fr



  
La mosquée Bleue (Sultan Ahmet Camii) doit son surmon aux faïences d'Iznik qui tapissent l'intérieur. Construite entre 1609 et 1616 par un élève de Sinan, l'architecte des sultans, elle est la dernière construction de grande envergure d'un empire déjà sur le déclin. Ahmet Ier, son bâtisseur, souhaitait qu'elle soit l'égale de la Grande Mosquée de la Mecque ; il la dota donc de six minarets.

La mosquée adopte un plan simple, avec quatre demi-coupoles épaulant une grande coupole centrale. Cette dernière repose sur quatre énormes piliers rainurés comme des colonnes. Le plus remarquable ne réside pas dans le traitement architectural mais dans celui de la lumière. Elle pénètre à flots par les 260 fenêtres que compte la mosquée Bleue. Elle se reflète sur les carreaux de faïences bleus et donne à l'ensemble de l'espace intérieur une atmosphère inimitable, presque irréelle.

Autour de la cour sont installés les différents bâtiments du complexe : l'imaret, le réfectoire, l'école de théologie, l'hôpital, le marché et des tombaux (Ahmet Ier, son épouse, ses fils Osman II et Murat IV).
 
Ouverture toute la journée, libre et gratuite


La mosquée de Soliman le Magnifique (Süleymaniye Camii), de part sa position dominante et son architecture pleine d'élégance avec des proportions monumentales, est l'édifice emblématique de la puissance ottomane.

La construction débute en juin 1550 (dès 1547 selon certaines sources), au milieu du règne de Soliman. Le sultan, bien évidemment, nomme Sinan maître d'oeuvre de cet ouvrage. A charge pour l'architecte d'édifier un monument qui puisse éclipser les réalisations de ses prédécesseurs et rivaliser avec Sainte-Sophie de l'empereur Justinien.

La mosquée s'élève sur la troisième des sept collines d'Istanbul. Avec son subtil agencement de coupoles qu'accompagnent ses quatre minarets, elle semble se projeter vers le ciel. La lumière y pénètre sans contrainte. Elle se reflète sur les surfaces claires sans laisser d'endroits dans la pénombre et illumine les somptueux vitraux de part et d'autre du mihrâb. Les inscriptions calligraphiques très fines passent pour les plus belles du monde musulman.

Le mausolée de Soliman, qui se dresse dans le cimetière, à l'arrière de la mosquée, est l'un des plus élégants édifices de ce type, constuits par Sinan. Sa forme générale évoque les yourtes d'apparat du lointain passé nomade des Ottomans. L'intérieur, tapissé de faïences d'Iznik, renferme les tombeaux du sultan, de deux de ses fils, de sa fille Mihrimah, de sa mère et d'autres membres de la famille. Roxelane, son épouse chérie, repose dans le mausolée voisin, lui aussi décoré de faïences du XVIème siècle, évoquant le "jardin du Paradis".
Dans le complexe, on peut voir un petit mausolée où repose Sinan. La modestie du monument résume l'humilité du bâtisseur de la Süleymaniye.

 
Ouverture toute la journée, libre et gratuite






Quelques explications

Imaret : hospice et cantine populaire destinés aux pauvres se trouvant dans l'enceinte de la mosquée.

Mihrâb : niche aménagée dans le mur, orientée vers La Mecque, à l'intérieur d'une mosquée.



 HISTOIRE : le sérail, une ville dans la ville

Un document datant de la fin du XVIIème siècle, donne le chiffre astronomique de 14 000 personnes vivant ou travaillant dans le palais : soldats, serviteurs, jardiniers, employés au service de l'arsenal, des cuisines, des écuries mais aussi, musiciens, esclaves, eunuques, etc. Le sérail est comme une enclave séparée du reste de la ville. Le grand seigneur et ses serviteurs vivent là en vase clos, dans un isolement presque complet. Les pensionnaires et les domestiques qui demeurent au-delà de la troisième porte n'ont jamais de contact avec l'extérieur et toute leur existence se passe dans les jardins et les pièces du palais.

Le harem cristallise tous les fantasmes. C'est un dédale de couloirs obscurs, d'escaliers dérobés, de salons pour le sultan, ornés de somptueuses faïences d'Iznik ou de délicates fresques aux motifs floraux. La vie quotidienne du harem (en arabe "lieu interdit"), où aucun étranger ne peut pénétrer, demeure très mal connue. Outre le sultan, le harem abrite une centaine de femmes (jusqu'à sept épouses légitimes et un nombre illimité de concubines ou odalisques), ainsi qu'une armada d'eunuques et de servantes. Ces dernières, de par leur statut d'esclaves sont non musulmanes et souvent d'origine circassienne. Elles s'entassent dans des dortoirs, ou dorment à deux ou trois dans des pièces guère plus grandes qu'une cellule, dans l'attente du moment où le sultan jettera un oeil sur elles : elles deviennent alors gözde 'remarquée". Celles qui passent la nuit avec le sultan deviennent odalisques. Si elles sont habiles, elles deviendront kadin "favorite". Elles obtiennent le rang de femme légitime si elles mettent au monde un enfant mâle. La première à donner un fils au souverain a le titre de première femme, puis généralement, de valide, c'est à dire, de sultane mère.
Le harem n'est pas un lieu de plaisir, c'est d'abord un lieu de pouvoir, un univers très hiérarchisé.




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