Les ors byzantins

Ils se déploient à l'intérieur des édifices, dont certains conservent leur décor de fresques et de mosaïques : Sainte-Sophie, la citerne-basilique, l'ancienne mosquée Fethiye Camii, l'église Saint-Sauveur-in-Chora.

La basilique Sainte-Sophie (Aya Sofya) est le symbole de la puissance byzantine à son apogée. L'église frappe par son remarquable état de conservation et sa taille gigantesque qui, pour une construction du VIème siècle, forcent l'admiration. De 537, année de son inauguration, à 1453, date à laquelle elle fut transformée en mosquée, Sainte-Sophie demeura le plus grand édifice religieux jamais construit par la chrétienté.

L'endroit a vu se succéder plusieurs sanctuaires : un temple païen d'abord, puis une église sous le règne de l'empereur Constantin (IVème siècle) que l'empereur Théodose II rebâtit en 415 (on découvre ses vestiges avant de pénétrer dans l'édifice actuel). Cette dernière sera incendiée à la suite d'un grave soulèvement populaire en 532. Une nouvelle basilique est construite sur ordre de l'empereur Justinien. Elle doit, selon ce dernier, éclipser tout ce qui a été fait auparavant et surpasser le temple de Salomon.

Les matériaux précieux affluent de tout l'Empire et on va jusqu'à dépouiller une des Sept Merveilles du Monde, le temple d'Artémis à Ephèse. L'inauguration a lieu 5 ans plus tard, en 537. Mais, en 539, la coupole s'écroule. Isidore de Milet la reconstruit en diminuant son rayon et en la renforçant au moyen d'énormes contreforts qui donnent à l'édifice actuel son aspect trapu.

Le soir même de la prise de Constantinople, Mehmet II (1451-1481) fait son entrée solennelle dans Sainte-Sophie. Le sultan transforme immédiatemment la basilique chrétienne en mosquée. Se considérant comme l'héritier des empereurs byzantins, il donne l'ordre de conserver les mosaïques et fait seulement remplacer l'image du Christ Pantocrator, qui ornait la coupole, par un texte coranique. Ce respect, Sainte-Sophie le doit à la fascination qu'elle exerce sur les Ottomans. En 1935, Atatürk fera de Sainte-Sophie un musée, ce qu'elle demeure encore aujourd'hui.

Ouverture tous les jours, sauf le lundi, de 9 h 30 à 17 h 00


La citerne-basilique, que les Ottomans ont baptisé "le Palais englouti" (Yerabatan Sarayi), est en réalité une citerne souterraine construite sous l'empereur Constantin (306-337) et agrandie sous le règne de l'empereur Justinien (527-567). Elle était raccordée à l'acqueduc de Valens et alimentait  le palais d'empereur, situé non loin de là, près de l'hippodrome.

La citerne, avec ses 12 rangées de 28 colonnes supportant des voûtes en brique, pouvait contenir 80 000 m3 d'eau. Elle faisait partie d'un vaste système de réservoirs (plus de 60) installés à l'intérieur de l'enceinte par les Byzantins. L'endroit, avec ses colonnes se reflètant dans l'eau, est étonnant. Certains chapiteaux corinthiens sont de toute beauté. La restauration a permis de découvrir d'étonnantes bases sculptées dont l'une représente la tête de Méduse.


Ouverture tous les jours de 9 h 00 à 17 h 30 (horaire étendu en été)

 

La mosquée Fethiye camii (Mosquée de la Victoire) était une ancienne église byzantine dédiée à la Radieuse Mère de Dieu (Théotokos Pammakaristos). C'est un petit bijou qui se mérite. Après être parvenu à la dénicher, il faut avoir la chance de la trouver ouverte.

L'ancien monastère se compose d'une église (XIIIème siècle) et d'un parecclésion. Ce dernier, directement accessible en traversant le jardin, conserve encore des mosaïques (XIVème siècle) contemporaines de sa construction. On y découvre un remarquable Christ Pantocrator entouré de prophètes (coupole), une Déisis proprement fascinante (abside), ainsi que de nombreuses représentations d'évêques, de moines et de pères de l'Eglise (collatéraux).

 
Ouverture (en principe) tous les jours, sauf le mercredi, de 9 h 30 à 16 h 00
(17 h 00 en été)


 L'église Saint-Sauveur-In-Chora (Kariye Camii) habite le plus bel ensemble de mosaïques et de fresques de l'ancienne capitale byzantine. La fondation du sanctuaire serait antérieure au Vème siècle, date de l'érection de la muraille terrestre de Théodose II. C'est à la fin du XIIIème siècle qu'on le fit restaurer, qu'on y ajoute l'exonarthex et le parecclésion et qu'on commanda les peintures murales et les mosaïques à fond d'or, considérées, à juste titre comme les plus belles du monde byzantin.Transformée en mosquée après la prise de la ville en 1453, Saint-Sauveur traverse l'âge ottoman sans subir trop de dommages (les sultans du XVIIème siècle refusent tout badigeonnage des peintures et restaurent même sa coupole).

Dans le narthex et la nef, les parties qui ne sont pas ornées de mosaïques sont recouvertes de panneaux de marbre de différentes couleurs. Les mosaïques de l'exonarthex racontent la vie du Christ, celle du narthex, la vie de la Vierge. Ces mosaïques, pleine d'humanité et de mouvement, se lisent comme une bande dessinée de l'âge d'or. Dans le parecclésion, les décors sont peints et développent les thèmes de la mort, de la Résurrection et du Jugement dernier. Les peintures de l'abside sont remarquables. Dans la nef, au-dessus de la porte, on peut voir une magnifique Dormition de la Vierge.

Ouverture tous les jours, sauf le mercredi, de 9 h 30 à 17 h 00
(16 h 00  en hiver)

 
Quelques explications

Le Christ Pantocrator : "le tout puissant" est un mode de représentation de Jésus Christ dans l'art byzantin. En général, il est représenté en buste et tient dans sa main gauche le livre des Saintes Ecritures tandis que sa main droite est levée dans un geste de bénédiction. Les deux doigts tendus symbolisent la double nature, humaine et divine.

 
Parecclésion : chapelle annexe d'une église byzantine, souvent ajoutée latéralement au sanctuaire principal.

Déisis : thème pictural byzantin présentant le Christ entouré des deux grands intercesseurs du genre humain, la Vierge et Saint Jean-Baptiste.

Narthex : salle rectangulaire précédant la nef des églises byzantines.

Exonarthex : galerie parallèle au narthex.
 
Dormition : thème pictural byzantin montrant le sommeil de la Vierge Marie au cours duquel eut lieu son Assomption (Marie ne meurt jamais selon le dogme).


 
ART - La mosaïque byzantine
 
Loin d'être un art figé, la mosaïque accompagne l'histoire mouvementée de Byzance. A Sainte-Sophie, les mosaïques les plus anciennes datent du IXème siècle, au lendemain de la crise iconoclaste. Elles adoptent une même esthétique imprégnée de l'esprit de l'Antiquité. Les personnages sont figés et distants ; ils donnent l'impression de planer et se détachent nettement sur le fond d'or.

Au lendemain de la reconquête de la ville (1261), les mosaïstes changent de style. Ils assouplissent les lignes, gomment le géométrisme de jadis et cherchent à faire entrer leurs figures en relation les unes avec les autres. La Vierge, bien humaine, regarde maintenant son Fils.

L'église trouve sa forme définitive au temps des empereurs macédoniens et ne changera plus, sauf dans les détails. Les architectes adoptent de manière systématique le plan en croix à branches égales que surmonte une coupole centrale, métaphore architecturale du Ciel. Comme à l'époque de l'empereur Justinien, des mosaïstes sont chargés de décorer l'intérieur. Le Christ Pantocrator et la Vierge occupent respectivement la coupole et l'abside, c'est-à-dire, les emplacements les plus importants. Les voûtes, ou les parties supérieures des murs, plus proches des fidèles, illustrent les manifestations du divin sur la Terre : cycles des grandes fêtes, miracles, scènes tirées du Nouveau Testament, portraits des saints et des évêques, etc.

Au XIVème siècle, tous les moyens sont bons pour toucher les fidèles. Dans l'ancienne église Saint-Sauveur-In-Chora (1315-1321), les artistes se laissent aller volontiers au pittoresque, voir au pathétisme. Ils racontent l'histoire sainte sans se limiter aux moments clefs, en n'écartant pas l'anecdote et en animant les scènes : les draperies s'envolent, les figures élancées et fragiles décollent du sol, ou ne s'y rattachent que par la pointe des pieds. A cela, s'ajoutent une fraîcheur des coloris et un nombre étonnant de demi-tons (gris perle, mauve, rose tendre), qui donnent aux mosaïques un aspect chatoyant. 

 
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