Les saveurs de fin de siècle


Au XIXème siècle, alors que l'Empire ottoman agonisant s'acheminait vers la république, les sultans délaissèrent le palais de Topkapi, symbole du vieux pouvoir déliquescent, pour s'installer  de chaque côté des rives du Bosphore. Ils firent construire plusieurs palais dont ceux de Dolmabahçe,  Beylerbeyi, Yildiz, aménagés dans de superbes parcs et jardins.

Le palais de Dolmabahçe s'étire sur environ 600 mètres à l'emplacement d'une baie qui accueillaient des bateaux de guerre, jusqu'au XVIIème siècle. Son architecture mi-européenne, mi-orientale est caractéristique de l'éclectisme dont l'ensemble du XIXème siècle raffolait ici, comme ailleurs. Le sultan Abdülmecit Ier (1839 - 1861) jugeait le sérail de Topkapi sinistre. Il fit appel à l'arménien Garabed Balyan adepte d'un style fusionnant adroitement architecture ottomane et baroque occidental. La splendide construction de marbre blanc, destinée à éclipser l'opulence des ambassades étrangères de Péra, devint la résidence ordinaire des sultans jusqu'au dernier d'entre eux, Mehmet VI. Le site est symbolique à plusieurs titres ; c'est là qu'Atatürk, fondateur de la République, s'y éteignit le 10 novembre 1938.

Ce sérail se compose de 285 pièces dont 43 salons ornés de lustres en cristal de Baccarat ou de Bohême, de porcelaines de Sèvres, de mobilier victorien et de tapis de Hereke. Dans la salle du Trône pend un lustre en cristal offert par la reine Victoria, pesant 4,5 tonnes, aux 750 lampes. Le salon des Ambassadeurs et sa coupole sont magistralement décorés. L'escalier d'honneur est en cristal de Baccarat ; partout, des peintures en trompe-l'oeil, des voûtes mauresques ou gothiques, des colonnes grecques... c'est le palais de la démesure. A une époque, des oiseaux du monde entier étaient enfermés dans le pavillon aux Oiseaux pour le plaisir des habitants du palais.
 
Le jardin s'ouvrant au-delà de la tour de l'Horloge de style néobaroque est orné d'une fontaine aux Cygnes.
 
Visite guidée tous les jours sauf le lundi et le jeudi, de 9 h 00 à 15 h 00
(16 h 00 en été)


Situé juste après le pont, du côté asiatique, le palais de Beylerbeyi est un rêve de marbre blanc devant les eaux bleues, au milieu des magnolias d'un jardin en terrasses, d'essences rares. La vue sur le  Bosphore y est magnifique et le pont au-dessus du palais semble flotter jusqu'à l'autre rive du détroit. Il fut construit en 1865 dans le style néoclassique pour le sultan Abdülaziz.
 
Il était prêté aux personnalités étrangères lors de leurs voyages officiels.
Les lustres de cristal de Bohême, les colonnettes en cristal de Venise, les rideaux de perles et les tentures de soie ont vu défiler les tsars de Russie et l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Le palais se niche dans un plaisant jardin parsemé de bassins et de pavillons.
 


 
Visite guidée tous les jours sauf le lundi et le jeudi, de 9 h 30 à 16 h 00
(17 h 00 en été)



Le parc de Yildiz, le plus grand parc de la ville est,  avec ses kiosques, attaché au souvenir d'Abdülhamit II (1876 - 1909).  Souffrant de paranoïa chronique, le sultan qui jugeait le palais de Dolmabahçe peu sûr, s'installa sur la colline de Yildiz d'où il pouvait voir arriver de loin d'éventuels ennemis. En réaction à l'occidentalisation de ses prédécesseurs, il fit bâtir un complexe de bâtiments hétéroclites qui reflètent toutes les tendances architecturales de l'époque, le baroque comme l'Art nouveau.

Le sultan recevait ses hôtes de marque dans le Sale Köskü (kiosque du châlet), long pavillon de bois à deux étages. Situé dans un vaste parc planté de fleurs, d'arbres et de plantes décoratives venant des quatre coins du monde, ce palais offre une belle vue panoramique sur le Bosphore. Au premier étage, se succèdent plus de 60 pièces : chambres meublées d'acajou dans le style néo-Renaissance, magnifique salle à manger dont les portes et le mobilier sont en marqueterie de nacre, la salle du Trône, couverte du plus vaste tapis du monde, de 400 mètres pour un poids de 7,5 tonnes..

C'est un Français qui dessina le parc à l'anglaise, aux essences rares, fontaines et cascades, serres et kiosques avec vue sur le Bosphore. Au détour des allées paysagères, vous rencontrerez deux ravissants pavillons, Malta Köskü et Cadir Köskü, reconvertis en salon de thé.
 


Visite guidée du Sale Köskü tous les jours sauf lundi et jeudi
de 9h 30 à 17 h 00
 

 
Quelques explications
 
Les kiosques sont d'anciens pavillons impériaux datant de l’empire ottoman qui reflètent la splendeur de cette période.
Le  Malta Köskü (kiosque de Malte) fait partie de ces somptueux endroits… Ce kiosque qui est l’exemple le plus intéressant de l’architecture civile du XIXème siècle, est l’un des cinq kiosques se trouvant dans le jardin du palais Yıldız.  Le kiosque de Malte présente actuellement ses services en tant que restaurant et café. Vous pouvez regarder avec plaisir le Bosphore tout en buvant votre thé ou café, ou bien en dégustant votre dessert ou votre glace, alors que viennent à vos oreilles le bruit des jets d’eau mélangé à celui des oiseaux.
Le Cadir Köskü  est une sorte de datcha rose dominant le Bosphore où l'on peut boire un thé sur la presqu'île d'un petit lac.
Le kiosque d'Ilhamur (kiosque des Tilleuls) est composé de deux pavillons en marbre blanc, de style rococo, qui se nichent dans un romantique vallon planté de tilleuls : le Merasim Köskü et le Maiyet Köskü.

 
ARCHITECTURE  - Les yali
 
Ces fragiles demeures en bois doivent leur nom à leur situation au bord, voire au-dessus de l'eau (yali provient du grec yialos qui signifie "rivage marin"). Elles étaient, à l'origine, peintes en rouge, et la modestie de leur apparence extérieure s'opposait à la richesse d'un intérieur où il n'était pas rare de trouver des fontaines et des plafonds peints en trompe l'oeil. Les notables qui habitaient ces demeures à plan en croix orienté vers les quatre points cardinaux y retrouvaient une vie proche de la nature.
A partir du XVIIIème siècle, les yali adoptent les tons pastels et les formes rococo alors en vogue en Europe, puis, au XIXème siècle, des façades rectilignes de style néoclassique. Dans les années 1920, les derniers bâtisseurs de yali adopteront l'Art Nouveau ou le style Art déco. Aujourd'hui, posséder un yali est un luxe réservé aux très hauts dignitaires, capitaines d'industries ou princes saoudiens.
Une croisière sur le Bosphore permet de voir, entre autres, les plus beaux yali, construits de chaque côté des ses rives.

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